La pandémie du virus Covid-19 que nous vivons amène les Etats à intervenir dans le fonctionnement économique des entreprises, certains secteurs étant particulièrement touchés, en particulier la santé, le tourisme, la culture, le commerce de détail et les transports. A cet égard, la Commission européenne a rappelé que le contrôle des aides d’Etat continuerait pendant cette période, mais qu’elle ferait preuve de souplesse et d’adaptation et s’efforcerait de réduire au maximum les délais d’examen.
Les aides accordées par un Etat aux entreprises doivent être notifiées à la Commission pour être licites. A défaut, la Commission peut ordonner le remboursement par l’entreprise de l’intégralité de l’avantage obtenu.
Tout d’abord, il convient de rappeler que tous les concours étatiques ne sont pas des aides d’Etat au sens du droit européen :
Ensuite, si la mesure est une aide d’Etat, au sens du droit européen, elle doit être notifiée par l’Etat à la Commission européenne, qui l’autorisera (ou l’interdira) selon les effets de cette mesure sur la concurrence sur le marché concerné.
Certaines mesures sont toutefois exemptées de contrôle par la Commission, si certaines conditions de seuil sont remplies. Ainsi, selon le secteur de l’aide (aide en faveur de l’investissement pour les PME, aide en faveur de la recherche et du développement, aide en faveur de la formation professionnelle…) certaines mesures n’auront pas à être notifiées, ni autorisées par la Commission européenne.
En outre, s’agissant du montant de l’aide, les aides d’un montant global inférieur à 200 000 € sur une période totale 3 ans ne requièrent pas l’autorisation de la Commission.
La Commission rappelle que le cadre juridique actuel est tout à fait adapté au contrôle des aides d’Etat, même lors d’une crise telle que celle du Covid-19. En effet plusieurs instruments déjà applicables permettent des procédures spécifiques prenant en compte les éléments de contexte :
Enfin, la Commission européenne a adopté, le 19 mars 2020, un cadre temporaire, similaire à celui qu’elle avait déjà appliqué lors de la crise financière en 2008, ainsi qu’un modèle de formulaire de notification spécifique. Ce cadre temporaire est applicable du 19 mars 2020 au 31 décembre 2020. A titre de comparaison, le cadre qui avait été adopté en 2008 pour favoriser l’accès au financement dans le contexte de la crise économique et financière avait été étendu plusieurs fois jusqu’au 31 décembre 2011.
En application des principes généraux, l’Etat membre doit notifier la mesure d’aide à la Commission et démontrer qu’elle est nécessaire, proportionnée, et apte à remédier une distorsion de concurrence sur le marché. Le cadre temporaire identifie 5 catégories d’aides qui peuvent, sous conditions être autorisées :
A noter : ces aides ne peuvent être autorisées, sur le fondement de ce cadre temporaire que si :
Le 27 mars 2020, la Commission européenne a soumis pour consultation aux Etats membres une proposition de modification de ce Cadre temporaire, visant à étendre les mesures d’aides qui pourraient être autorisées. Cela concerne notamment les aides apportées dans le domaine de la R&D, les aides apportées à la production des équipements de santé et matériel médical nécessaire lors de la crise (vaccins, matériel de protection et désinfectant…), aides ciblées sous la forme de subvention de certains salaires ou de report de cotisations sociales pour éviter des licenciements massifs dans les secteurs économiques les plus touchés.
Une seconde consultation a été envoyée aux Etats membres le 9 avril, dans le but de recueillir leurs commentaires sur l’extension du champ d’application du cadre temporaire, permettant aux Etats d’investir dans les entreprises dans le besoin. La Commission a précisé que ce mécanisme particulièrement attentatoire aux règles de concurrence ne devrait être adopté qu’en dernier recours, et serait soumis à plusieurs conditions de bonne gouvernance, de durée, de rémunération, ainsi que sur les modalités d’entrée et de sortie du capital des entreprises en question.
Enfin, il convient de rappeler que les États membres disposent de diverses options en dehors du champ d’application du contrôle des aides d’État assuré par l’UE et qu’ils peuvent mettre en place sans aucune intervention de la Commission. Il s’agit notamment de mesures applicables à toutes les entreprises mises en place notamment par l’Etat français, comme l’octroi de subventions salariales, la suspension du paiement de l’impôt sur les sociétés et de la taxe sur la valeur ajoutée ou des cotisations sociales, ou d’un soutien financier direct aux consommateurs en cas d’annulation de services ou de billets qui ne sont pas remboursés par les opérateurs concernés.